Entrer dans Beograd, c'est comme entrer dans une forteresse. On est dans Beograd sur une quatre voies, au milieu de barres d'immeubles, et on cherche à atteindre le centre de la ville. Mais pour cela, il faut d'abord trouver le pont pour franchir un fleuve. Nous tournons en rond. Encore une fois c'est un habitant qui nous indique le trajet. La circulation est dense et frénétique, les rues comme des montagnes russes, les immeubles dans la nuit me semblent gigantesques. Beograd me fait l'effet d'une ville moderne et glacée. Il est tard lorsque nous arrivons au «Batler », un club situé dans une cave. On y accède par la cour intérieure d'un immeuble, rue Francuska. En face, dans une autre cave, le « Francuska Sobarica »: la soubrette française, ambiance boite de nuit avec barre à strip-tease au milieu, le club a ouvert il n'y a que trois mois et le sound system est au poil. L'immeuble est désert, pas de problème de voisinage: tout appartient au même proprio. On s'installe, on fait des balances, et nous attendons. Les gens vont arriver très tard, pas avant 23h je crois. Sur place nous mangeons de la pizza estampillée « FRANCUSKA ». Ca doit venir de la même rue, et elle est élue meilleure pizza de la tournée : la pâte est rigide et souple et assure une tenue en main exceptionnelle, pas comme au Krivi Put où la garniture nous jutait sur les basques. Au Batler, Le Dj passe du bon son, mais il n'y a pas moyen de poser son cul. Au Francuska Sobarica les gens arrivent pour boire, fumer, faire des trucs de boite de nuit. Toujours pas moyen de poser son cul. Finalement, on nous file les clés du bureau au-dessus où on peut s'allonger sur des canapés design « fait maison » faisant le tour d'un quart de la pièce. Des gens arrivent du Francuska Sobarica. On commence à jouer. Après le concert on serait bien parti pour faire des trucs de boite de nuit aussi, mais là il est quoi ? Bientôt trois heures du matin ? Je sais plus trop, mais je sais qu'on doit se taper 600 kilomètres pour atteindre Vienne. Du coup on plie le matos et Anna nous dirige en caisse dans un quartier avec des maisons. Il commence à neiger. La maison où nous dormons nous parait inhabitée. En fait, ça doit être une planque ou un truc dans le genre pour les gens de passage. Le matin, la neige tombe abondamment. Tout est blanc. On repart prudemment. Heureusement la sortie de la ville n'est pas trop loin d'où on a crèché... |